Emissions de gaz à effet de serre et compensation en élevage

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L’agriculture génère en France 21% des émissions françaises brutes de gaz à effet de serre. L’élevage herbivore compte pour 60% de ces émissions agricoles, soit 8% des émissions totales ; 10% si on ajoute les émissions liées aux cultures destinées à l’alimentation du bétail. Pour faire le « bilan carbone » de l’activité de production de viande ou de lait, on additionne les différents gaz à effet de serre émis tout au long de processus d’élevage, d’abattage et de transformation et on convertit ce total en équivalent CO2 (dioxyde de carbone).

Émissions de gaz à effet de serre par secteur en France

Le méthane (25 équivalent CO2) est issu de la fermentation des aliments riches en cellulose au cours de la fermentation entérique (digestion des ruminants) et de la fermentation des déjections animales. Le protoxyde d’azote N20 (292 eq CO2) est principalement issu de la perte d’azote au stockage des effluents d’élevage et à l’épandage des engrais minéraux et organique (fumiers et lisiers). Enfin, le dioxyde de carbone, CO2 provient de la consommation d’énergie fossile sur les exploitations (tracteurs mais aussi consommation indirecte par les achats d’intrants).

De l’animal à la viande, plus de 95 % des émissions sont liées à la phase élevage. D’un autre côté, l’élevage est aussi l’un des rares secteurs économique capable de compenser une partie de ses émissions (30%) en stockant du carbone dans les sols des prairies et des haies. Les méthodes d’évaluation de ces émissions sont encore récentes et demandent à être affinées pour mieux intégrer toute la complexité « biologique » d’une exploitation agricole avec ses recyclages internes de carbone, d’azote. Par ailleurs, au-delà des émissions de gaz à effet de serre, les évaluations environnementales de l’élevage évoluent pour prendre en compte, un ensemble de critères utiles comme la biodiversité ou la qualité de l’eau afin de donner une vision plus globale. Il est également stratégique pour les filières françaises que ces méthodes soient harmonisées au niveau international afin que l’empreinte carbone des viandes ne devienne pas un facteur de distorsion de concurrence entre pays.

Émissions et compensation de ges en élevage herbivore

La vache émet naturellement du méthane, la prairie compense !

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Le méthane est le principal gaz à effet de serre issu de l’élevage des ruminants. Il est émis naturellement lors de la digestion de l’herbe et des fourrages. En effet, se trouvent dans le rumen, des bactéries dites « méthanogènes » qui permettent aux herbivores de digérer les longues fibres des végétaux et de les transformer en nutriments utiles. Le méthane émis est finalement une perte naturelle et nécessaire à la production.

Plus les ruminants ont des rations fibreuses et  herbacées, plus les bactéries méthanogènes du rumen s’activent et produisent du méthane. De la même façon, plus le cycle de vie de l’animal est long (systèmes herbagers et pastoraux), plus ses émissions par kg de viande vont être élevées. Mais si la rumination de l’herbe et des fourrages produit cet « effet collatéral », la prairie a la capacité d’en compenser une bonne partie en stockant du carbone dans son sol et sous les haies qui l’entourent (en moyenne 500 kg de carbone par hectare et par an et jusqu’à 2 tonnes selon les conditions de sols et de climat).

Les puits de carbone que constituent les 10 millions de prairies permanentes et parcours compensent en France en moyenne 1/3 des émissions de carbone. Au niveau mondial, il est admis que les sols représentent le puits de carbone terrestre le plus important après les océans et que la gestion des prairies constitue une voie prometteuse pour réduire les émissions. 

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Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.