Marie-Jo et Guy, éleveurs en Bourgogne

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Marie-Jo et Guy, éleveurs en Bourgogne

Marie-Jo et Guy sont éleveurs de vaches et de moutons en Saône-et-Loire en région Bourgogne. Ils exploitent 135 hectares de prairies et 25 hectares de céréales essentiellement dédiés à l’alimentation du troupeau de bovins et d’ovins.

On parle souvent de l’élevage comme contributeur au changement climatique.

Marie-Jo : Pour tout avouer, quand on a appris que nos vaches « polluaient » par leurs émissions, nous avons été très surpris, voire même un peu vexés. Quand nous allons voir nos vaches dans les grandes prairies boisées, nous ne pensons pas qu’elles puissent polluer. En revanche, le constat est là aujourd’hui et on ne peut pas l’occulter. On dit que les petits ruisseaux font les grandes rivières et je me dis que de toute façon, comme les autres, nous devons contribuer à atténuer les émissions de notre élevage.

Qu’avez-vous mis en place ou que pensez-vous mettre en place pour diminuer ces émissions de gaz à effet de serre ?

Guy : Aujourd’hui, on réfléchit à plusieurs choses et on a déjà travaillé sur quelques pistes. Depuis quelques années, on apporte sur les prairies presque plus aucun engrais chimique car on utilise et on valorise au mieux le fumier des bovins auquel on intègre des déchets verts pour améliorer la qualité de cet engrais organique. C’est aussi bénéfique pour les sols.

Au niveau des céréales, nous fractionnons nos apports d’engrais en plusieurs fois pour l’apporter au moment où la plante en a le plus besoin. L’hiver, nous implantons des CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) permettant d’éviter que l’azote qui se trouve dans le sol ne soit lessivé. Toutes ces actions permettent d’économiser l’engrais et donc de l’énergie1.

Marie-Jo et Guy , éleveurs en Bourgogne

Au niveau de notre CUMA (coopérative d’utilisation du matériel en commun), nous avons fait des bancs d’essai sur les tracteurs pour voir quels réglages et quelle conduite permettraient de diminuer la consommation de fioul.
Enfin, nous avons un projet de construction de bâtiments alors on réfléchit à mettre des panneaux photovoltaïques pour produire de l’énergie renouvelable.

L’élevage peut aussi être victime du changement climatique.  Est-ce que vous l’observez déjà  chez vous ?

Marie-Jo : Cette modification du climat nous oblige à réfléchir autrement. Il se peut que l’on ait des sècheresses de plus en plus rapprochées et donc  il faut anticiper pour faire des stocks de fourrages. En 2003, nous avons subi une forte sècheresse à laquelle nous n’étions pas du tout préparés et du coup, cette sècheresse a eu des impacts économiques très importants sur les exploitations parce qu’avant, on avait toujours une récolte d’avance et là, nous n’avions plus de nourriture pour les bêtes. Alors, nous avons dû acheter et l’impact économique a été très important sur les exploitations. Du coup, on essaie d’améliorer notre autonomie alimentaire pour faire face à ces phénomènes climatiques inattendus en implantant de nouvelles plantes fourragères, en faisant des essais, etc.

1Les engrais de synthèse nécessitent de l’énergie pour être produits et transportés et donc émettent des gaz à effet de serre.