Laurent et Dominique, éleveurs en Alsace

Texte

Laurent et Dominique, éleveurs en Alsace

Laurent et Dominique sont éleveurs de vaches allaitantes dans le Bas-Rhin en Alsace.

On parle souvent de l’élevage comme contributeur au changement climatique. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Laurent et Dominique : comme tout autre activé artisanale ou industrielle, notre exploitation contribue au réchauffement car nous utilisons des intrants, comme le pétrole ou l’électricité. Et puis aussi, quelque chose qui nous a surpris, nous agriculteurs et éleveurs, c’est la contribution de l’élevage de bovin : les animaux rejettent naturellement du méthane qui participe à l’effet de serre.

Qu’avez-vous mis en place ou que pensez-vous mettre en place pour diminuer ces émissions de gaz à effet de serre ?

Depuis de nombreuses années, on cherche une certaine cohérence sur notre exploitation : en recherchant une cohérence économique avant tout, c’est le leitmotiv, nous visons une cohérence pour l’environnement.

Nous avons une activité d’élevage, et de ce fait, toutes nos cultures sont destinées à l’alimentation du troupeau. Sans élevage, on se limiterait à 1 ou 2 cultures différentes uniquement. Aujourd’hui, nous cultivons environ 40 hectares de maïs ensilage, 20 hectares de luzerne, 10 hectares de blé, dont le grain et la paille sont utilisés pour les animaux, et une vingtaine d’hectares de betterave sucrière dont les coproduits, la pulpe, est redonnée aux animaux. Il y a donc une certaine cohérence.

D’un autre côté, les animaux produisent de la viande et du fumier. Ce fumier est très important pour nous. Il rapporte de la matière organique au sol pour faire vivre toute la vie microbienne du sol, et apporte aux cultures des éléments fertilisant : azote, phosphore et potassium. Par exemple pour notre betterave sucrière que nous fertilisons entièrement avec les déjections de nos animaux, nous arrivons à 0% d’engrais chimiques avec des rendements tout à fait corrects.

Laurent et Dominique, éleveurs en Alsace

Notre activité d’élevage représente un certain volume. Nous avons donc besoin de grandes surfaces pour épandre le fumier que nous produisons. On épand principalement sur notre exploitation et nous travaillons aussi avec nos voisins cultivateurs : nous réalisons donc des échanges paille fumier. Leur paille sert de litière à nos animaux et nous épandons chez eux en échange. C’est un travail cohérent pour les 2 systèmes : il permet la diminution d’intrants chimiques chez moi et chez mes voisins.

Ces dernières années, nous sommes revenus à ce que faisaient nos prédécesseurs : de la luzerne. Elle avait disparu au profit du soja depuis quelques années mais nous commençons à la réintégrer. Nous l’utilisons pour apporter de la protéine végétale à nos animaux et pour structurer le sol. Son système racinaire profond permet de mieux résister à la sécheresse et d’apporter de la matière organique au sol tous les 2 ans, ce qui correspond à son cycle de vie.

Enfin, dans la région de Strasbourg il y a beaucoup d’industries agro-alimentaires et beaucoup de coproduits sont créés par ces industries. Nous récupérons depuis quelques années les coproduits de céréales d’une industrie agro-alimentaire voisine pour les donner à nos animaux. Auparavant, ces coproduits n’étaient pas valorisés et n’étaient que des déchets.