Le développement historique de différents modèles d’élevage

Des modèles qui se diffusent

Texte

En géographie, un système d’élevage devient « modèle » lorsqu’il se diffuse en conservant ses caractéristiques essentielles. Ainsi, le « modèle breton » formé d’ateliers spécialisés de porcs ou de volailles, mais aussi d’ateliers laitiers à base d’herbe cultivée et de maïs fourrage et fondés sur la race prim’Holstein pour les systèmes bovins lait, est le plus emblématique.

Il s’est développé d’abord dans le Grand-Ouest puis diffusé vers le Centre-Ouest (y compris pour les filières caprines et ovines), le Nord et le Pas-de-Calais puis sur certains plateaux du Massif central et sur le piémont pyrénéen. En élevage ovin lait, le « modèle du rayon de Roquefort » structuré autour de la race lacaune, s’est étendu dans le sud-ouest du Massif central, dans les Pyrénées occidentales ou en Corse.

Le « modèle franc-comtois », qui s’est étendu dans l’ensemble de la chaîne jurassienne, est quant à lui fondé sur des systèmes herbagers organisés autour des coopératives fromagères appelées « fruitières ». Sa force n’en reste pas moins réelle grâce à la promotion de la race montbéliarde et la reconnaissance de son produit phare, le comté. Ces modèles concurrencent d’anciens systèmes herbagers, désormais moins diffusés, comme le modèle « normand », d’une part, qui s’était diffusé tout au long du XIXe siècle et jusqu’en 1950 en s’appuyant sur la prairie, sur une race bovine mixte, la normande, et les savoir-faire des marchands de bestiaux comme des transformateurs fromagers et beurriers.

Les modèles d'élevage historiques dans le grand ouest

Des modèles d’élevage pastoral plus extensifs se sont aussi affirmés : les types « pré-alpins » ou de grande transhumance provençale pour l’élevage ovin viande qui se sont étendus dans l’ensemble des Alpes du Sud et dans le sud-est du Massif central. Plus au nord, le « modèle charolais », fondé sur la race du même nom, a connu une expansion spectaculaire durant un siècle (1850-1950) autour de la région Bourgogne, sur les périphéries nord du Massif central puis dans le Centre-Ouest (Vendée) où il a supplanté le modèle « aquitano-angevin » fondé sur des cultures fourragères et de races locales à viande améliorées (maine-anjou, parthenaise).

Le « modèle limousin », particulièrement exigeant en travail du fait de la finition des animaux (taurillons, « veaux sous la mère »), a connu une diffusion vers les départements limitrophes de la Haute-Vienne entre la fin du XIXe siècle et les années 1970. À la fin des années 1960, le « modèle bovin viande de l’Aubrac » s’est aussi répandu en profitant de l’agrandissement des fermes (y compris sur les estives d’altitude) et de la valorisation des races rustiques (l’aubrac, la race salers dans les monts d’Auvergne, la limousine dans le sud-ouest du Massif central, la gasconne dans les Pyrénées).

À la même époque, certaines zones de grandes cultures (Marne, plaine d’Alsace) ont développé des ateliers spécialisés dans l’engraissement des jeunes bovins, profitant de la disponibilité en coproduits d’industries agroalimentaires comme la pulpe de betterave.

 

Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.