Mangeons-nous trop de viande ?

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Vous le savez sans doute, l’OMS vient de classer la viande rouge dans les agents "probablement cancérogènes". Cependant restez serein : aucune étude scientifique à date ne permet d’affirmer qu’un aliment peut être, à lui seul, la cause d’un cancer. Si l’on se focalise sur la nutrition, il ne faut pas oublier que c’est l’ensemble de l’alimentation, et non pas un aliment ou un nutriment en particulier, qui influencent globalement le risque de développer un cancer. Les conclusions sont donc impérativement à remettre en perspective par rapport aux niveaux réels de consommation de viande, que je vous propose de revoir ensemble, et à l’équilibre global de l’alimentation.

Mangeons-nous trop de viande ?

Voyons d’abord les recommandations de santé publique. Le Programme National Nutrition Santé nous indique, afin de satisfaire les besoins de notre corps en protéines animales de bonne valeur biologique, celle que notre corps sait bien utiliser, de consommer une à deux fois par jour un aliment du groupe « viande - poisson - œuf ». Libre à nous de choisir et de faire varier ces aliments selon notre bon vouloir et nos envies. Et les idées ne manquent pas : entrecôte/frites, steak/pâtes, jambon/purée ou omelette aux fines herbes pour faire vite ; ou alors bouillabaisse, blanquette aux carottes nouvelles, couscous ou encore petit salé aux lentilles quand on peut prendre le temps de mitonner des petits plats. Question variété et diversité, on a donc de quoi faire !

Au niveau des quantités, il faut savoir qu’en moyenne les Français ne consomment pas plus de trois portions de viande de boucherie par semaine. Résultat, moins d’un quart des Français, et majoritairement des hommes, sont des gros consommateurs de viande de boucherie, c'est-à-dire de bœuf, porc (hors charcuterie), veau, agneau et viande chevaline, avec une consommation supérieure à 500 g de viande par semaine1. Rappelons que le seuil de 500 g de viande cuite (ou 750 g de viande crue) par semaine a été fixé en 2007 par le WCRF2 comme le niveau de consommation de viande rouge maximal en prévention du cancer du colon. La majorité de nos concitoyens ne dépasse donc pas cette limite.

A noter également qu’1/4 de nos seniors ont des apports en protéines inférieurs aux Apports Nutritionnels Conseillées et que 58 % des femmes en France en âge d’avoir des enfants ont des apports en fer inférieurs aux Besoins Nutritionnels Moyens3

Quand on sait que la viande est une très bonne source de protéines et qu’elle se distingue, notamment pour le bœuf, la viande chevaline et les produits tripiers, par sa richesse en fer héminique, celui si bien assimilé par notre corps, faut-il modifier nos habitudes alimentaires  ou bien  continuer à manger raisonnablement de la viande, comme c’est déjà le cas en France ?

Manger de tout, en quantité adaptée à nos besoins, en variant nos repas, la recette est simple à appliquer et gagnante à tous les coups !

1 Rapport CREDOC- ENQUETE CCAF (comportement et consommation alimentaire en France) 2010
2 WCRF (World Cancer Research Fund)
3 Interview de P.HEBEL directrice du département consommation du CREDOC in CIV «  Mangeons-nous trop de viande ? »

 

Dominique SAUTERAUD          

Diététicienne-Nutritionniste libérale