Safari dans la bouse

Texte

Voici un livre qui nous délivre de bien des appréhensions et nous apporte beaucoup de compréhensions autour d’un sujet qui, il faut le dire, nous divise autant qu’il nous réunit. De quoi s’agit-il donc ? De la bouse ou plus précisément de la coprophilie ! Histoire d’éviter toute erreur de compréhension, on parle bien ici de la coprophagie, autrement dit du régime alimentaire des organismes qui se développent dans les déjections animales. Pas par amour de la chose, mais pour nous éclairer sur un fonctionnement naturel de nos organismes qui est aussi le fondement des écosystèmes qui nous entourent.

Safari dans la bouse

Et oui, ne tournons pas autour du pot, « Safari dans la bouse » aborde sans complexe mais dans toute sa complexité le thème de la défécation appliquée aux animaux et en particulier aux ruminants, mais aussi à toute la gent animale, des plus petits insectes aux plus gros mammifères. Le résultat est un livre épatant, riche d’informations inattendues, aussi drôles qu’incroyables, vérifiées avec le plus grand soin, celui d’un entomologiste que n’aurait pas désavoué Jean-Henri Fabre (1823-1915), maître en la matière, qui élevait lui-même des bousiers, aux fins de les analyser pour ses recherches.

Au fil de chapitres qui se lisent avec une grande aisance, l’auteur avoue « la galette de bouse, c’est ma madeleine » et une prédilection de naturaliste en herbe dès son plus jeune âge. Il nous plonge dans les mystères de cette bouse qui est un vrai nid à surprises. Savez-vous par exemple qu’un kilo de crottin de cheval contient jusqu’à 8 000 asticots et que le même poids d’excréments de porc peut en nourrir jusqu’à 15 000 ? Pour le pêcheur, c’est une aubaine, pour la nature c’est un grenier. Et il en va de même pour la bouse bovine qui révèle la santé de nos vaches selon leur alimentation.

Loin d’être seulement destiné aux jeunes lecteurs, « Safari dans la bouse » ouvre des horizons insoupçonnés sur notre quotidien en mettant en perspective le sujet sous des angles économiques et écologiques. Car, du guano aux champignons en passant par les papillons jusqu’à l’hygiène du blaireau ou encore les vertus médicinales de la bouse et les expériences d’énergie dans les transports, les excréments peuvent être aussi des compléments, les déchets des uns faisant le bonheur des autres.

Pour les petits, c’est une façon d’apprendre la vie tout en s’autorisant à dire ce qui s’apparente parfois à des gros mots ou des mots interdits, et à les replacer dans un contexte naturel. Pour les grands, c’est un réservoir de connaissances, soient oubliées, soient méconnues, soient enfouies. Car, si on est rarement à l’aise avec ce sujet, on devrait pourtant se l’approprier pour en faire bon usage. Et ce petit livre y parvient à force d’anecdotes et de courtes histoires racontées le plus sérieusement du monde.

Safari dans la bouse
 
Marc Giraud 
Illustrations : Roland Garrigue

Delachaux et Niestlé

Date de parution : août 2015
Format : 145 x 175 mm - 128 pages