Le rôle social, culturel et patrimonial des filières herbivores

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Face aux mutations de filières ouvertes sur le monde, on a pu craindre que les liens entre élevages et territoires se distendent. Or, il n’en est rien et l’élevage herbivore est bel et bien ancré dans les nouvelles ruralités françaises. Cette « re-territorialisation » passe par des liens économiques forts et des emplois non délocalisables, par la valorisation de la qualité et de l’origine des produits, par la valorisation des patrimoines culturels, des gastronomies, des races et paysages emblématiques, ou par des pratiques respectueuses de l’environnement comme le pastoralisme. Associées à des dynamiques collectives d’acteurs des filières et des territoires, l’élevage contribue à l’attractivité des campagnes et crée un imaginaire positif dont bénéficient d’autres secteurs d’activité tels que l’artisanat ou le tourisme. Il répond aux besoins des citadins en vacances, des nouveaux résidents en recherche de nature et des consommateurs en attente de retrouver du lien social et du sens à leur mode d’alimentation.

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Anciens mais renouvelés, les liens entre élevage et territoiresprennent des formes diverses et témoignent des services rendus par cette activité. Paysage et identité ruralesont des constructions sociales matérielles et immatérielles dans lesquelles les éleveurs et les filières associées tiennent une part importante et ce, depuis longtemps. En France, les activités d’élevage et les paysages associés inspirent la peinture, la musique ou des descriptions littéraires. A la fin du XIXème siècle, la France acquiert la réputation d’être le jardin de l’Europe notamment grâce à ses paysages « cultivés ».

Le tourisme rural et la gastronomie associées’appuient aujourd’hui encore largement sur l’activité d’élevage et ses produits traditionnels : plats, fromages, viandes de races reconnues, … Des festivités liées à l’élevage (comices, montées aux estives) sont remises au goût du jour et célèbrent le lien entre un terroir, ses hommes et son élevage.

Cette valeur patrimoniale et touristique de l’élevage est largement reconnue. Elle peut néanmoins entrer en conflit avec les nouvelles attentes et pratiques résidentielles du fait de « perturbations » sonores, olfactives ou visuelles qu’elle peut engendrer.

Elevage, animation et attractivité des territoires
L’élevage en tant qu’élément de la culture traditionnelle, est au cœur d’un grand nombre d’événements culturels (fêtes de la transhumance ou des bœufs gras, foires, concours), d’expositions (écomusées ou scéno-parcs) mais aussi d’activités agrotouristiques (table d’hôte, ferme auberge) participant à la vitalité territoriale et l’identité locale.
Élevage, campagnes et nouvelles ruralités
L’élevage d’herbivores, ancré dans des territoires ruraux changeants, doit concilier de nouvelles fonctions et de nouvelles demandes avec celle de production de viande et de lait, et créer de nouveaux liens sociaux. 
Une compétition pour l’usage des sols
L’agriculture perd l’équivalent en surface d’un département tous les 10 ans sous l’effet de l’urbanisation. L’élevage est aussi soumis à une compétition face à d’autres productions plus rémunératrices. Des mécanismes réglementaires et juridiques sont mis en place pour protéger ces sols précieux pour la production alimentaire. 
Des signes de qualité issus de spécificité d’élevage
Les démarches liées à la qualité et à l’origine des produits, contribuent au développement des filières d’élevage et au maintien de leur dynamisme dans les territoires ruraux. Elles tendent à concilier les exigences de rentabilité économique, de qualité et de sécurité des aliments, avec le développement durable des territoires, la protection de l’environnement et le maintien d’une vie sociale dans les campagnes.
Territoire du veau d’Aveyron et du Segala et ses acteurs
Le veau d’Aveyron et du Ségala bénéficie d’un Label Rouge depuis 1993 (IGP en 1996). Inscrite dans les terroirs du Sud-Ouest du Massif central, cette démarche repose sur une réelle organisation de filière et des savoir-faire exprimés dans un cahier des charges.
Les races : ressources d’hier et de demain
En France, une grande diversité domestique est conservée par l’élevage avec pas moins de 52 races de bovins, 59 races d’ovins, 43 races d’équins et 11 races de caprins. Un ensemble d’organisations réparties sur le territoire veillent à la diffusion de ce potentiel génétique qui est d’ailleurs reconnu et valorisé à l’export.
Diversité de paysage : un patrimoine reconnu
Le paysage comprend des éléments physiques (roche, sol, climat, végétaux) et les produits des actions humaines qui ont concouru à son façonnage comme l’activité agricole (terrasses, bocage...).
Le pastoralisme : tradition et modernité
Le terme de pastoralisme dérive du verbe latin pacere, paître, et désigne un mode d’exploitation du milieu utilisant la végétation « naturelle », le plus souvent de façon extensive, dans le cadre d’un déplacement des troupeaux.