La reproduction des ovins

L'agnelage

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Comme pour toutes les femelles mammifères, la naissance chez la brebis d’un ou plusieurs agneaux déclenche la production de lait. Le lait est ensuite utilisé pour la fabrication des fromages ou pour nourrir les agneaux.

L'agnelage est l'acte qui marque la fin de la gestation de la brebis. Il aboutit à l'expulsion du ou des fœtus, au terme de son passage d'une position intra-abdominale (dans la corne de l'utérus, qui se situe dans le ventre de la brebis) à l'extérieur. Ce passage se fait via un tunnel, la "filière pelvienne", le bassin de la brebis dont l'intérieur est étroit.

Comme pour tous les mammifères, plus le fœtus va être volumineux et plus son expulsion risque d'être longue en raison de l'étroitesse de ce passage du bassin.

La gestation de la brebis

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La gestation de la brebis dure au total 5 mois (149 jours), bien qu'il y ait de légères variations selon les races ovines. En particulier, les brebis des races très prolifiques, comme les Romanov, ont des durées de gestation plus brèves que cette moyenne (2 jours de moins).

C'est explicable si on comprend que le fœtus effectue l'essentiel de sa croissance pendant la seconde moitié de la gestation : le poids du futur agneau double au cours du 5ème mois de gestation. Donc, plus il y a de fœtus dans l'utérus et plus les apports nutritifs permettant leur croissance vont être difficiles à fournir par l'organisme de la mère.

À partir de 2 semaines avant la naissance, l'utérus va commencer à effectuer des contractions, légères et peu fréquentes - elles durent environ 5 minutes toutes les heures - mais qui ne sont pas coordonnées.

Les signes annonciateurs de l'agnelage

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Dans la nature, comme dans les élevages extensifs (en extérieur), la brebis qui est prête à donner naissance à un agneau s'écarte du troupeau, ou bien elle s'immobilise et le troupeau la laisse en arrière au fur et à mesure qu'il s'éloigne en broutant. Elle cherche à s'isoler dans un endroit où elle peut construire un "nid", de préférence avec des herbes sèches (fourrage).

En bergerie, l'éleveur fait attention à fournir de la paille en suffisance et à laisser les futures mères tranquilles.

La température de la brebis chute de 0,5° C dans les 48 heures qui précèdent la mise-bas. Dans certains pays, les éleveurs estiment que si la température d'une brebis gestante chute sous 39,2° C, c'est qu'elle va donner naissance dans les 2 jours suivants. Cette méthode est jugée efficace à 80 %. Mais, surtout, la brebis arrête de brouter dans l'heure qui précède l'agnelage.

Les contractions utérines deviennent coordonnées dans les 12 heures qui précèdent la naissance. Mais elles sont encore de faible amplitude. Elles vont devenir plus intenses et rapprochées dans les deux heures qui vont précéder le travail véritable.

Dans un premier temps, la future mère est anxieuse : elle se lève et se recouche à diverses reprises. Puis, quand les premières contractions utérines coordonnées se produisent, elle s'allonge pour de bon. Au fur et à mesure de l'arrivée des contractions, la brebis prend une attitude particulière : tête levée "vers les étoiles", même en bergerie.

Le début de l'agnelage

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Le travail commence quand le premier agneau engage sa tête dans le "tunnel" qu'est la filière pelvienne. Mais la "poche des eaux" étant plus près de la sortie que l'agneau lui-même, le début du travail va être marqué par l'apparition de cette poche à l'extérieur. À ce moment-là, la brebis se relève et tourne plusieurs fois sur elle-même, afin de faire éclater la poche, qui libère alors des liquides légèrement gluants.

La brebis se recouche alors et commence le travail d'expulsion du ou des agneau(x). Ces fluides ont en effet une odeur attractive pour la brebis : la naissance a lieu là où ces fluides ont été expulsés.

Les agneaux naissent le plus souvent tête et pattes avant en premier, ce qui s'appelle une "présentation antérieure". L'agneau s'engage dans le passage du bassin les pattes avant allongées à plat sur le plancher de ce "tunnel". Sa tête aussi est totalement allongée, posée sur les pattes avant.

Ce passage dans le "tunnel" que constitue le bassin de la mère est délicat en raison de sa rigidité car l'entrée du bassin est essentiellement osseuse et de sa forme car la filière pelvienne est coudée, d'abord horizontal, il s'incline vers le bas et en arrière.

L'expulsion de l'agneau : la mise à bas

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Deux types de contractions vont permettre l'expulsion de l'agneau :

  • Les contractions utérines, qui sont involontaires - c'est l'organisme de la brebis qui décide - et douloureuses, commencent dès le début du travail. Elles augmentent en intensité et en durée au fur et à mesure que le fœtus progresse vers l'extérieur.
  • Les contractions abdominales commencent plus tardivement. Elles viennent par réflexe, à partir du moment où la tête de l'agneau quitte le tunnel du bassin pour arriver dans le vagin. Elles sont très efficaces car elles se produisent au moment où les contractions utérines sont maximales. En plus, lorsque la tête de l'agneau est dans le vagin, son thorax est dans la filière pelvienne. Sa cage thoracique étant la partie la plus encombrante de l'agneau, ces contractions supplémentaires sont bienvenues pour le guider vers l'extérieur.

Quand la tête de l'agneau sort du tunnel (elle se trouve alors dans le vagin), l'expulsion devient donc très rapide. Une fois sa croupe sortie à l'extérieur, ses pattes postérieures, étendues vers l'arrière de l'agneau, sortent sans effort supplémentaire de la part de la brebis.

La durée de la mise-bas est très variable, mais est en général de 15 à 20 minutes. Lorsque deux jumeaux naissent, cela dure le plus souvent moins longtemps que lorsqu'un seul agneau, plus volumineux, doit être expulsé. Cependant, l'intervalle entre l'expulsion de chaque jumeau peut aller de quelques minutes à plus d'une heure.

Les premiers soins à l'agneau nouveau-né

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À la naissance, un agneau pèse de 3 à 5 kg. Le plus souvent, la brebis donne naissance à un ou deux agneaux, mais certaines races sont connues pour être particulièrement prolifiques. Les Romanov, par exemple, donnent plus souvent des triplés. Mais en élevage, il est exceptionnel d'obtenir des portées plus grandes car les agneaux sont alors très chétifs et leur survie est inconstante.

La plupart des brebis sont debout dans la minute qui suit la naissance de l'agneau. La brebis commence à lécher vigoureusement son petit, immédiatement après son expulsion. Ce faisant, elle avale les enveloppes fœtales qui le drapent encore. Plusieurs fonctions sont attribuées à ce comportement (placentophagie) : un rôle d'hygiène (léchage du nombril), une stimulation du jeune à se lever et une façon pour la mère de "marquer" olfactivement son petit. Enfin, ce "léchage" aurait aussi un rôle social, en établissant et maintenant un lien entre la mère et son agneau.

Cette période est cruciale pour la reconnaissance du nouveau-né par sa mère : s'il lui est retiré dès la naissance, puis rendu 6 heures plus tard, elle le rejettera le plus souvent.

En moyenne, un agneau est capable de se lever sur ses pattes dans les 15 minutes qui suivent sa naissance. Au bout d'une heure ou deux, la brebis lui autorise l'accès à la mamelle.

Lorsqu'il y a deux agneaux, le second est souvent plus chétif que le premier. La brebis s'occupe plus fortement du premier, ce qui laisse plus de temps au second pour s'alimenter sans gêne à la mamelle.

Entre une et trois heures après la naissance du dernier agneau, de nouveaux efforts se produisent : ils permettent d'expulser les enveloppes qui étaient restées dans l'utérus (la délivrance). Elles sont aussi souvent "broutées" par la brebis. Cette expulsion peut se poursuivre pendant plusieurs jours après la naissance, mais la placentophagie s'arrête en quelques heures.