Nouveaux rapports de la FAO

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Une réévaluation encourageante des émissions de gaz a effet de serre pour l’élevage de ruminants en France.

Nouveaux rapports de la FAO : une réévaluation encourageante des émissions de gaz a effet de serre pour l’élevage de ruminants en France

En septembre 2013, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) a publié 3 nouveaux rapports sur les gaz à effet de serre :

  • Greenhouse Gas Emissions from Pig and Chicken Supply Chains - A Global Life Cycle Assessment
  • Greenhouse Gas Emissions from Ruminant Supply Chains - A Global Life Cycle Assessment
  • Tackling climate change through livestock: A global assessment of emissions and mitigation opportunities (Lutter contre le changement climatique grâce à l’élevage: une évaluation globale des émissions et des possibilités d’atténuation).

Les nouvelles estimations portent le bilan des émissions de gaz à effet de serre liées aux productions animales dans le monde, à 14.5% des émissions liées aux activités humaines, soit une réévaluation à la baisse comparativement aux 18% du rapport FAO publié en 2006. 

De l’avis de la FAO, ce sont les marges de progrès réalisables au niveau mondial : « L'adoption plus répandue des meilleures pratiques et technologies en matière d'alimentation, de santé et d'élevage des animaux, et de gestion du fumier- ainsi que de technologies actuellement sous-utilisées telles que les générateurs de biogaz et les dispositifs d'économie d'énergie - pourrait aider le secteur à réduire ses émissions de gaz de 30 % grâce à des gains d'efficacité et moins de gaspillages d'énergie ». "Ces nouvelles conclusions montrent que le potentiel d'amélioration des performances environnementales du secteur est important- et qu'il est tout fait possible de réaliser ce potentiel"; a indiqué Ren Wang, Sous-Directeur général de la FAO chargé de l'agriculture et de la protection des consommateurs.    

Les marges d’action et de progrès sont en réalité très variables d’une région à l’autre du globe, selon le niveau de départ.  «La marge de manœuvre principale réside dans l’optimisation des systèmes ruminants en Amérique du Sud, Asie de Sud et Afrique […] Dans les pays développés- où l'intensité des émissions (par kg) est relativement faible, mais où le volume total de la production, et, de ce fait, des émissions, est élevé - même de légères diminutions pourraient produire des gains importants. C'est le cas, par exemple, des élevages laitiers d'Europe et d'Amérique du Nord». Pour ces élevages productifs, les marges de manœuvre résident dans la gestion des effluents, l’économie d’énergie, l’amélioration des performances animales et le choix d’aliments achetés moins « émetteurs ». 

L’un des points d’intérêt de ce rapport est de proposer une évaluation par grande région, où l’Europe de l’Ouest apparaît relativement « performante » en matière d’émission par kilogramme de lait ou de viande, ce qui traduit une efficacité de l’utilisation des ressources en élevage de ruminants (cf. graphique ci-dessous). Cela s’explique par le fait que ce sont des exploitations herbagères ou mixtes (polyculture-élevage), qui produisent sur place la majeure partie de l’alimentation de leurs troupeaux (90% en moyenne) et qui ont les surfaces nécessaires pour recycler en engrais organiques les fumiers et lisiers. 

Emissions/Kg équivalent carcasse de viande bovine et par grandes régions du Monde.

Nouveaux rapports de la FAO : une réévaluation encourageante des émissions de gaz a effet de serre pour l’élevage de ruminants en France

Ce graphique montre l’efficience de la production des viandes bovines et ovines en Europe de l’Ouest ,qui se trouve être une des régions du monde les mieux placées au regard des émissions de gaz à effet de serre. Cela s’explique par la mise en œuvre de pratiques de gestion de la fertilisation, gestion des effluents et par la productivité des systèmes. Pour les ruminants, les systèmes mixtes (élevages/cultures) se révèlent particulièrement efficaces car ils ont les surfaces nécessaires pour produire l’alimentation des troupeaux et celles pour recycler les déjections en engrais épandus sur les terres de l’exploitation. 

Plusieurs facteurs concourent aux bons résultats qu’obtient le système d’élevage européen :

  • Une alimentation des troupeaux équilibrée et des progrès en santé animale : en France, l’herbe constitue en moyenne 60% de la ration de l’ensemble des bovins et 80% pour les seuls bovins allaitants, cette part variant selon les saisons et les régions en fonction des conditions de sol et de climat. Par ailleurs, l’alimentation est produite à 90% sur les exploitations et à 95% sur le territoire national. L’alimentation produite sur place permet d’éviter des transports inutiles et des animaux en bonne santé avec de bonnes performances en termes de production.
  • Une gestion des fumiers et des lisiers efficace : depuis 20 ans, l’utilisation d’engrais de synthèse a baissé de 20% dans les élevages grâce à une meilleure utilisation des fertilisants de ferme que sont les fumiers et les lisiers. En valorisant les déjections des animaux en engrais de ferme (par épandage sur les prairies et les champs cultivés), les éleveurs économisent ainsi des doses d’engrais minéraux et diminuent les dégagements de protoxyde d’azote.

Nouveaux rapports de la FAO : une réévaluation encourageante des émissions de gaz a effet de serre pour l’élevage de ruminants en France

Des gains sont encore possibles : la filière poursuit ses efforts dans ce sens.

Les instituts techniques français travaillent déjà sur les pistes de recherche identifiées par le rapport FAO pour améliorer encore l’efficacité et la performance des élevages tant sur les plans sociaux et économiques, qu’environnementaux : réduction des émissions de gaz à effet de serre par les économies d’énergie ou la production d’énergies renouvelables, entretien de la biodiversité et de la qualité de l’eau, préservation des sols.

Prochaine étape importante : la prise en compte du stockage de carbone et de la biodiversité ?

INTERBEV et l’Institut de l’Elevage recommandent également dans les futures évaluations de prendre en compte le stockage de carbone dans les sols des prairies valorisées par les bovins et les ovins ainsi que l’impact positif sur la biodiversité. En effet, selon l’Institut de l’élevage, le stockage de carbone dans les prairies compense entre 30 et 50% des émissions de l’élevage bovin.