Les défis des filières animales

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Interpellées par la baisse de la consommation de viande, une concurrence mondialisée et l’ouverture potentielle du marché européen à de grands exportateurs, les filières de productions animales françaises réfléchissent aux conditions de leur durabilité. Face à ces changements globaux, elles doivent trouver comment maintenir et renouveler leurs actifs, améliorer leur compétitivité, voire développer leur potentiel de production pour répondre à une demande mondiale croissante, et enfin valoriser leurs produits de haute qualité. Quelles stratégies mettent en place les filières pour saisir les nouvelles opportunités, assurer leur acceptabilité et leur pérennité ?

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Le défi du renouvellement des générations

Les filières de production de lait et de viande nécessitent en premier lieu des éleveurs – si possible répartis sur l’ensemble du territoire. La question du renouvellement des générations est d’autant plus pressante que leur âge en France est élevé : la moitié des éleveurs à plus de 50 ans. Par ailleurs, d’après un sondage réalisé en 2013, 66 % des agriculteurs se disaient pessimistes quant à leur activité. Les difficultés des éleveurs sont avant tout économiques : le manque de revenu lié au poids des charges de l’exploitation est accru par des tensions mondiales sur le prix des matières premières (céréales, fioul). L’astreinte liée aux animaux et l’isolement peuvent aussi constituer des freins sociaux, de même que l’image négative donnée à l’élevage dans les médias. L’enjeu est donc d’assurer un revenu correct avec de bonnes conditions de travail et de vie et une production acceptée par la société pour attirer de nouveaux éleveurs. 

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Les besoins de renouvellement dans la filière viande

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Mais, les éleveurs ne sont pas les seuls concernés. À tous les stades de la filière, de multiples postes seront à pourvoir dans les années à venir. L’abattage et la transformation des viandes sont des industries de main d’œuvre. Le coût de cette main d’œuvre représente d’ailleurs 50 % du coût total d’abattage découpe (hors achat de bovins). Par ailleurs, les boucheries sont en constante recherche d’employés et de repreneurs. Face à ces enjeux, les professionnels ont engagé des programmes de communication et de recrutement qui visent à informer les jeunes sur les métiers et les perspectives offertes. Par exemple, les fédérations professionnelles organisent des événements techniques et ludiques comme les Ovinpiades qui rassemblent les potentiels éleveurs de mouton ou  « Boucherie Académie » offrant des stages à des apprentis. Afin de faciliter l’installation des jeunes, les filières travaillent également à la mise en place de fonds d’investissement permettant de dégager les capitaux nécessaires à la reprise d’élevages et de boucheries.

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Évolution des revenus en agriculture

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Le défi de la compétitivité mondiale

Les maillons de la filière viande ont une faible rentabilité. Ils doivent accroître la compétitivité en recherchant la création de valeur en France. Cela passe par la lutte, tant bien que mal, contre la concurrence de viandes produites en dehors de l’Europe à moindres garanties sociales et environnementales. Par ailleurs, le cycle de production bovine est long, alors que les cycles de marchés sont de plus en plus courts et instables, et que la volatilité des cours des intrants forte. Sur l’ensemble de la filière, afin de sécuriser les revenus des uns et des autres, un système de contractualisation gagnant-gagnant entre éleveurs et abatteurs permettra de donner de la visibilité à la production, de garantir l’approvisionnement de l’aval tout en tenant compte de l’évolution des coûts de production de chacun. Il s’agit également de renforcer l’image des viandes auprès des consommateurs pour soutenir la consommation et de promouvoir les viandes françaises auprès des collectivités et en restauration hors domicile. En parallèle, il faudra conforter les exportations sur l’Union européenne, développer celles vers les Pays Tiers (notamment ceux de la Méditerranée comme en Turquie et Algérie où la demande s’accroît) et sur le territoire français, adapter au mieux l’offre à la demande. 

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Adaptation à un avenir incertain

Malgré des tailles de troupeaux plus faibles et des écarts de performances par rapport aux voisins allemands, hollandais ou de l’hémisphère Sud, l’élevage français a l’atout de la diversité. Ses systèmes laitier et viande (naisseurs, naisseurs-engraisseurs, engraisseurs), répartis sur tout le territoire, avec une forte autonomie et valorisant des fourrages divers et adaptés à des conditions pédoclimatiques variées, montrent une meilleure résistance à l’instabilité des cours des matières premières et aux aléas climatiques. Cette robustesse des systèmes devra encore être renforcée en France pour faire face aux effets du changement climatique (risques de sécheresses), à des prix toujours plus volatils et des concurrents toujours plus offensifs. Pour conforter les filières lait et viande, il faudra enfin toujours mieux les faire connaître des citoyens et consommateurs et valoriser la qualité des produits comme les savoir-faire associés en termes de production et de transformation.

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Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.